Un excellent livre sur la famille, sa finalité, son fondement, sa sanctification par le Christ mais aussi sur la guerre qui lui est livrée actuellement, la façon d’y faire face.
Extrait:
Le monde opposé au règne de Notre-Seigneur Jésus Christ
Dans sa prière sacerdotale, NS Jésus-Christ a adressé à son Père une parole quelque peu surprenante « Ce n’est pas pour le monde que je prie mais pour ceux que vous m’avez donnés, car ils sont vôtres. »(Jn 17.9). Comment Notre-Seigneur, qui est venu sauver ce qui était perdu, peut-il exclure le monde de sa prière ? Saint Jean a lui aussi des propos tout aussi étonnants de prime abord. Lui, l’apôtre de la charité, lui qui ne savait dire qu’une seule chose à la fin de sa vie : « Aimons-nous les uns les autres. »(1 Jn 4,7 et 2 Jn,6), disait aux jeunes gens : « N’aimez pas le monde, ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du père n’est pas en lui. »(1 Jn 2,15)
NS Jésus-Christ déclare ne pas prier pour le monde, saint Jean demande de ne pas aimer le monde…Comment interpréter ces paroles ? Pour en comprendre la signification progfonde, il faut savoir ce que NS Jésus-Christ et saint Jean entendent ici par le monde. Ce terme recouvre deux acceptions, deux sens bien distincts. Le monde peut être perçu comme créature de Dieu et, sous ce rapport, il est bon ( Gn 1,25 et 31) « Mais le monde est une entité théologique et morale, ayant sa sagesse , sa mentalité , ses convoitises , où le chrétien est tj en danger de perdition » ( Ap 17,5 et 15 ; 19,2) souligne le père Spicq( Théologie morale du nouveau testament)
Pris en ce dernier sens, voici comment Mgr Henri Chapon, évêque de Nice, le définissait. « Qu’est ce que le monde ? Ce n’est point évidemment la famille, ni l’amitié, bien que des passions et des périls puissent aussi se trouver là. Le monde ne commence que là où cessent ces intimités, il est pour chacun de vous dans ce cercle illimité, les convenances, l’entrainement des circonstances, ou, en dehors de toute obligation, les caprices de votre volonté ; là où vous vous trouvez en face de l’humanité, sans choix telle qu’elle existe partout avec ses milles passions qui se surexcitent, se provoquent en se combattant. Voilà le monde que Jésus Christ a maudit ! Cet anathème n’atteint évidemment pas tout ce qui fait partie du monde, puisque la vertu et la sainteté elles-mêmes peuvent et doivent quelques fois s’y mêler, mais ce qui est dans ce monde le courant dominateur et comme la résultante de ces passions conjurées, ce qui constitue la corruption du monde et ses périls. » (La femme chrétienne et française)
Pour bien se rendre compte de ce qu’est le monde, il suffit de voir les publicités qui nous agressent dans les rues bruyantes d’une grande ville, ou encore d’analyser l’esprit distillé par les médias. L’ambiance qui règne dans ce monde, l’esprit qui y est répandu flattent, excitent, alimentent la triple concupiscence au lieu de la réfréner. Ce n’est pas que tout y soit intrinsèquement mauvais, mais lorsque l’homme y prend plaisir et le recherche, son âme finit par s’éloigner du courant de la grâce pour glisser insensiblement sur la pente de la tiédeur.
Ce monde est maudit de Dieu, car il conduit l’homme à un amour déréglé de la vie présente au détriment de la vie future. Celui qui l’aime en arrive à ne vivre que pour la terre, alors que l’homme est fait pour le Ciel. Le monde le détourne en effet de la vraie pour le pousser insensiblement sur la voie des faux plaisirs de la vie terrestre. Il affaiblit progressivement ses convictions et alimente en lui l’esprit de jouissance au détriment de l’esprit de sacrifice.
Le monde entendu en ce sens a le démon pour prince, comme l’a affirmé Notre Seigneur lui-même ( Jn 12,31). Voilé pourquoi saint Jean précise que « tout ce qui est dans le monde de la concupiscence des yeux, concupiscence de la chair et orgueil de la vie »(1 Jn 2,15). En effet, le monde a tendance à flatter la nature déchue de l’homme et à raviver les séquelles laissées en lui par le péché originel au lieu d’y remédier.
Et ce monde, qui est sous la coupe de Satan, a une telle emprise sur les honmes que Notre Seigneur a affirmé sans ambages : « Large est la voie qui mène à la perdition et nombreux sont ceux qui s’y engagent ; étroite la voie qui mène à la vie, peu nombreux sont ceux qui la trouvent . »(Mt 7,13-14). Et encore . »Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. »(Mt 22,14)
Ainsi l’homme, déjà bien affaibli par sa nature déchue, est-il rendu encore plus vulnérable en raison du monde qui accroît ses faiblesses au lieu d’y remédier.
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